• Début de l'article:

    Par Antimollusques et Ubifaciunt

     
    Île de Groix, Morbihan, Bretagne, France. Peu ou prou mille cinq cents habitants l'hiver ; le décuple l'été. A huit kilomètres au large de Lorient, une image du bonheur en forme de carte postale : roses trémières, crêperies, falaises et crachin, bars où coulent à flot le houblon et les rêves de marins. Et, plus étonnant, un squat libertaire. Ou plutôt, comme le revendiquent ses habitants, une Maison commune. Juste à côté du Trou de l'Enfer, dans le vallon de Ker Béthanie.

    On est allés sur place, dans l'idée de rendre compte de la tenue d'un squat en milieu insulaire. Et l'on s'est vite aperçu, entre deux pintes et quelques bouteilles de muscadet que derrière les roses trémières et le crachin, l'île traverse de sacrées houles.


     SQUATTER L'ENFER,

    ATTISER LES BREIZH    
                                                                     

    Festival international du film insulaire de Groix, le FIFIG pour les intimes. Une institution annuelle où se mêlent projections, débats, apéros, bouffes et rencontres. Après les Cubains puis les Sri Lankais, c'est au tour des Kanaks de Nouvelle-Calédonie d'être les invités d'honneur. L'année prochaine, ce seront les Inuits des Terres Arctiques.

    Derniers jours du reportage. Des affiches dans tout Groix pour annoncer le programme des journées au FIFIG. Un débat attire notre attention : « Les îles : laboratoires d'idées ; ou comment discuter des nouvelles formes de gouvernance sur des territoires restreints ». On s'y pointe, espérant entendre des points de vue sur la Maison commune qu'on n'aurait pas encore recensés.

    Une bonne soixantaine de personnes dans le public. Et, surprise, une table derrière laquelle quatre personnes sont assises, micros branchés. Un Monsieur Loyal plastronne, debout, micro à la main.

    « Nous allons pouvoir commencer cette conférence. En tant que président, j'ai l'honneur d'accueillir quatre experts : une journaliste à Marianne, un ethnologue, un responsable économiste d'Attac (1), ainsi qu'un musicien-poète. Ils parleront des événements ayant secoué dernièrement l'actualité des îles telles que l'Islande, Madagascar ou la Nouvelle-Calédonie. De nouvelles pratiques politiques se font-elles jour dans ces laboratoires d'idées ? Quelles sont les perspectives pour un nouveau vivre ensemble ? Vous pourrez bien évidement réagir en demandant la parole. Mais avant de commencer avec la journaliste de Marianne, qui est allée en Islande, voici un reportage d'Arte pour illustrer son propos... »

    Les lumières s'éteignent. Images de côtes islandaises. Titre. « Ceux qui disent non ». Une femme, dans un intérieur chaleureux, un café fumant sur la table. Elle dit qu'elle ne veut pas payer ce pour quoi elle n'est pas responsable, qu'il y aurait bien des solutions radicales. Les lumières se rallument. La journaliste parle monocordement de l'Islande pendant un quart d'heure.

    Un résident de la Maison commune demande la parole. « Est-ce qu'on pourrait, pour une fois, faire un vrai débat et sortir de la forme experts/bergers contre public/mouton ? » Le président répond, cinglant :  « On te connaît, Keru, commence pas ! » Dans le public, d'autres enchérissent : « Vous servez à rien, vous polluez ! » La journaliste répond que, de toute façon, elle est là pour parler des problèmes de l'Islande.

    Quelqu'un, derechef, se permet d'interpeller le président.

    « Bonjour, la soirée s'annonce intéressante, mais je me demande si on ne peut pas aussi causer des initiatives locales et des pratiques politiques concrètes qui essaient de faire une nouvelle forme de politique, comme ici avec l'expérience de la Maison commune. Et c'est vrai que je suis un peu surpris de voir que la soirée est annoncée comme un débat alors que c'est un conférence...
    - T'es de Groix ?
    - Ben, non...
    - Alors, ferme ta gueule !
    - Et toi, t'y étais en Nouvelle-Calédonie et en Islande ?
    - Non, mais il y a ici des gens qui y sont allés.
    - Ben, ça tombe bien, moi aussi, j'y suis, à Groix. »

    Le micro du public est coupé, la journaliste reprend sur l'Islande.

    (...)

    Pour lire la suite, achetez Article 11, chez votre marchand de journeaux ...

    Article 11 (cliquez ici)


    votre commentaire